Des plantes pour soigner les infections respiratoires

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Que valent les remèdes naturels pour soigner la bronchite et la sinusite? La science livre quelques réponses.

Bronchite et sinusite sont des motifs de consultation fréquents. La plupart du temps, ces infections sont d’origine virale, si bien que les antibiotiques ne sont d’aucune utilité. «Toutefois, ils sont encore souvent prescrits de façon empirique ou sur demande insistante du patient», déclare le Pr Pierre-Yves Rodondi, directeur de l’Institut de médecine de famille de l’Université de Fribourg. Comment soulager autrement les symptômes et prévenir les récidives? Les médecins sont souvent questionnés à ce sujet. Les patients, de leur côté, se tournent volontiers vers les médecines complémentaires pour diminuer la toux et les autres inconforts liés à ces maladies. Car bien que bénignes, ces gênes respiratoires peuvent durer entre sept et quinze jours, tandis que la toux peut sévir jusqu’à trois semaines. Et si la phytothérapie était une solution? Mais quelles plantes en particulier et avec quelle efficacité? La science donne quelques réponses.

Le géranium rose, intéressant mais contre-indiqué en cas de maladies hépatiques

L’extrait de racine de géranium rose, une plante d’Afrique du Sud, a fait l’objet de quelques investigations dans le traitement de la bronchite aiguë. Des études de laboratoire ont relevé des propriétés mucolytiques, antibactériennes et antivirales. Trois études cliniques regroupant plus de 700 patients ont quant à elles montré une résolution des symptômes de la bronchite supérieure au groupe placebo après sept jours, lorsque le traitement avait été débuté dans les deux jours suivant l’apparition des symptômes. Concernant la sinusite avec maux de tête, la disparition des symptômes était plus marquée avec le géranium rose qu’avec un simple placebo. Enfin, la revue Cochrane, incluant cinq études scientifiques, a conclu à l’efficacité de cette plante en cas de bronchite ou de sinusite aiguës, mais la qualité des preuves était toutefois faible. Le géranium rose est par ailleurs généralement bien toléré. Une certaine prudence est toutefois de mise chez les patients prédisposés aux saignements (des gencives ou du nez). La plante est en revanche clairement contre-indiquée en cas de maladies hépatiques, selon les fabricants.

Le lierre, un remède aux quintes de toux

Les feuilles de lierre, la primevère et le thym (combinés ou non), pourraient aussi soigner ces atteintes courantes des voies respiratoires. Le lierre, par exemple, aurait des propriétés mucolytiques, spasmolytiques, bronchodilatatrices et antibactériennes intéressantes grâce à des substances appelées saponines. Des études ont montré une amélioration des symptômes, notamment les quintes de toux, grâce à des préparations combinées de thym et de lierre.

L’échinacée pourpre, l’enquête se poursuit…

L’échinacée pourpre aurait un intérêt limité dans la prévention des symptômes dus aux infections respiratoires aiguës. Concernant le traitement, les études n’ont pas non plus permis de démontrer une efficacité claire. L’hétérogénéité des résultats s’explique toutefois par la grande variabilité des produits dérivés de cette plante et l’absence d’études cliniques homogènes. De plus amples recherches mériteraient donc d’être menées.

Et les huiles essentielles?

Qu’en est-il du Myrtol standardisé, ce distillat à base d’huiles essentielles de feuilles d’eucalyptus et de myrte, d’écorces d’orange douce et de citron, dans le traitement de la bronchite aiguë? En laboratoire, il s’avère que cette préparation améliore la fréquence de battement des cils de la muqueuse des voies respiratoires et donc l’évacuation du mucus. Quelques études cliniques ont de leur côté montré une diminution des symptômes de bronchite aiguë tels que la toux. Toutefois, selon le Pr Pierre-Yves Rodondi, «d’autres études sont nécessaires pour connaître plus précisément l’efficacité de ce mélange d’huiles essentielles».

La sinusite, c’est quoi?

La muqueuse qui tapisse les sinus peut être la proie d’une inflammation. La sinusite se manifeste alors par une obstruction nasale, des mucosités épaisses et colorées, parfois des douleurs sous forme de pesanteur faciale locale ou diffuse, parfois pulsatiles, ou de la fièvre. Le plus souvent, la maladie est consécutive à un rhume, mais peut aussi être due à une déviation de la cloison nasale, à la présence de polypes ou avoir une origine dentaire. Cette inflammation va faire gonfler la muqueuse et obstruer les voies de drainage. Parce qu’ils ne sont plus suffisamment aérés, les sinus sécrètent alors beaucoup de mucus pour lutter contre l’infection. Ce mucus, lorsqu’il n’est plus normalement drainé vers le nez, peut entraîner une prolifération bactérienne.

Et la bronchite?

Toux, expectorations, maux de gorge, gêne à la respiration, douleurs dans la poitrine, sentiment de compression, légère fièvre, sont les symptômes de la bronchite. Cette infection bénigne aiguë est due à l’inflammation des voies aériennes supérieures (gorge et larynx) et inférieures (trachée et grosses bronches). Elle est le plus souvent causée par des virus et se transmet par contact, lors d’éternuements ou lorsqu’on tousse. Généralement, les symptômes régressent après 48 à 72 heures.

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Source : « Infections aiguës des voies respiratoires et urinaires au cabinet médical : quelques traitements en médecine complémentaire », Dre Andra Dumitrascu, Dre Laurence Senn, Dre Laura Rothuizen, Prof. Pierre-Yves Rodondi, in Revue médicale suisse n° 648.

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Paru dans Générations, Hors-série « Se soigner autrement – Gros plan sur la médecine intégrative », Octobre 2019.