Des «laboratoires citoyens» pour faire progresser le système de santé

Vous aimeriez que votre idée de la médecine en tant que patient soit mieux entendue? Rejoindre l’un des laboratoires citoyens en phase de création dans le cadre de l'initiative «Santé intégrative et société» est peut-être quelque chose pour vous. Explications de Brigitte Rorive, Présidente de l'Hôpital Riviera-Chablais et membre du Conseil de Fondation de la Fondation Leenaards, qui soutient cette initiative.

Texte: Francesca Sacco

Vous allez bientôt présenter les résultats d’une enquête portant sur un millier de personnes et qui débouchera sur la création de «laboratoires citoyens». Que pouvez-vous nous en dire?

Nous voulions tout d’abord demander l’avis des gens sur la façon dont ils sont pris en charge par le système de santé. C’est un angle délibéré, parce que dans ce domaine, les professionnels ont encore souvent tendance à penser qu’ils savent ce qui est bon pour le patient. Ensuite, il nous importait de comprendre quelles sont les thématiques sur lesquelles la population est intéressée à réfléchir dans un but constructif au sein de «laboratoires citoyens».

De quoi s’agit-il?

Les «laboratoires citoyens» sont par définition des lieux de réflexion et d’expérimentation. Ils s’inscrivent dans les démarches participatives fondées sur le renforcement de la participation des individus à la prise de décision politique, ce qui implique un partage de l’exercice du pouvoir. Concrètement, nous allons rassembler des personnes qui souhaitent participer à un processus de recherche de solutions. Les participants pourront ensuite s’investir dans la mise en œuvre des solutions que le processus aura permis de dégager. Il est prévu d’ancrer les conclusions, les enseignements et les expérimentations qui auront été faites dans ce qu’on pourrait appeler un «agenda de changement», en vue d’un transfert dans la pratique.

Est-ce que tout le monde peut participer à ces laboratoires?

Oui, d’ailleurs nous allons bientôt lancer des appels à la population pour recruter des volontaires. Ces laboratoires réuniront des personnes de tous horizons, pas seulement celles qui ont participé à l’enquête. Comme nous ne savons pas encore combien de personnes répondront à l’appel, il est difficile d’évaluer le nombre de laboratoires qui seront créés. En principe, l’idéal est de travailler par groupes de 12 à 15 personnes.

La tâche de ces laboratoires est d’essayer de développer ce que vous appelez la médecine intégrative. Qu’entendez-vous par là?

Il existe plusieurs définitions. Selon une interprétation restrictive, la médecine intégrative est une conception de la médecine qui intègre les méthodes dites alternatives, comme l’hypnose ou la méditation, dans les pratiques conventionnelles. Nous préférons utiliser une définition plus extensive, qui intègre le patient dans sa prise en charge pour le rendre acteur de son propre rétablissement. Et c’est aussi une médecine qui intègre tout le monde. Actuellement, en Suisse, il y a des personnes qui renoncent à certains soins de santé pour des raisons financières. En résumé, la médecine intégrative rassemble les approches traditionnelles et les approches non conventionnelles, tout en redonnant du pouvoir au patient et sans laisser personne de côté. C’est un renversement de paradigme.

Comment est née l’initiative «Santé intégrative et société»?

Les Suisses ont largement accepté en 2009 l’initiative populaire fédérale «Oui aux médecines complémentaires», et la dernière enquête nationale sur la santé montre que 38% de la population adulte ont recours au moins une fois par année à une médecine complémentaire - réflexologie, tai-chi, acupuncture, etc. –, avec des résultats positifs confirmés par les recherches scientifiques. Or ces approches ne sont que très partiellement prises en considération par le système de soins. Par ailleurs, de plus en plus d’inquiétudes sont exprimées quant à l’avenir des soins et du système de santé. C’est ce qui a décidé la Fondation Leenaards à lancer l’initiative «Santé intégrative et société» et l’enquête populationnelle sur cette thématique.

Pour de plus amples informations, consulter la page Initiative